Du manque à ... la plénitude.

Maria Loire


J’ai été cette fille, qui a 14 ans, quittait le domicile familial pour l’internat et qui après cinq km en vélo, empruntai le car - on ne disait pas bus, ce n’était pas les transports scolaires, simplement la ligne régulière entre Baugé et Angers, effectuant le trajet inverse un samedi sur deux pour y revenir. Johnny, Sylvie ou Françoise, Sheila qui chantait l’école est finie, j’avais peu l’occasion de les entendre, ni à l’internat, ni à la maison. Les garçons arrivaient, mobylettes ronflantes, lorsque les vacances scolaires arrivaient, « et dans ces moments-là, la fille à qui je pense, est plus belle que toi » ou bien « noir, c’est noir, il n’y a plus d’espoir », revenaient en boucle à mes oreilles. 

« Tous les garçons et les filles de mon âge » … ou bien « Retiens la nuit »,  des paroles qui reflétaient cette quête à l’extérieure, pour combler un manque dont je n’avais pas conscience, et étaient promesse de bonheur. 
Je ne me posais pas de questions, murée dans un silence pesant à la maison, ne sachant m’exprimer dans un lieu d’enseignement qui n’était pas « mon monde », le cul entre deux chaises, j’apprenais à être caméléon- sans m’en apercevoir. C’est ainsi que se forgent les moyens de défense, faire-semblant, rentrer dans le moule, mais lequel ? 

Et chacun et chacune au village avait son petit copain plus ou moins attitré, il n’y avait pas grand choix, les lycées n’étaient pas mixtes. Un jeune homme de la ville- je souris en pensant à toi, Jean-Marie, fit une tentative, en me prenant la main, et là encore je souris- j’ai juste là en dessous de ce texte que j’écris, cette phrase ; « la parole libère la main », mais nous ne nous parlions pas, il n’était pas d’usage d’exprimer quelques sentiments. 


C’est à Yves, que j’ai lancé un défi, inconsciemment pour me protéger : je n’ai pas de garçon dans ma vie, j’en veux un grand rouquin aux yeux verts. Depuis ce temps j’ai appris que l’univers répons à mes demandes et qu’il est donc judicieux de ne pas demander n’importe quoi.  Prise à mon jeu, Yves m’a présenté Alain. 

 

Pour combler un manque, pour trouver à l’extérieur, ce que je ne savais trouver à l’intérieur.

 

Et j’en ai « usé » plusieurs, des hommes, en jouant à ce jeu-là. Je n’ai jamais qualifier cet état qui s’apparente vivement à de la dépendance affective, je n’aime pas mettre des étiquettes sur des relations, elles sont tout simplement notre champ d’expérience.

60 ans plus tard, je me sens dans la plénitude, avec ou sans Harley Davidson, je n’ai besoin de personne. Je me sens EN VIE, et quand je manifeste une rencontre, c’est la cerise sur le gâteau. Un plus qui je le sais, va me permettre de débusquer par exemple la souffrance la plus violente qui restait tapie depuis si longtemps et qui, accueillie et alchimiser sera le terreau pour une nouvelle éclosion.

Si  tu as au fond de toi, cette envie de VIVRE, tout simplement, dans la plénitude, de concrétiser des projets qui bloquent un peu… Je t’ffre un moment d’échange, le seul fait d’exprimer est souvent libérateur.  

Je profite de l'entretien offert.